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"Grande Traversée des Alpes" aux éditions Glénat

 

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Quelques chiffres :
70 jours de marche, de Nice à Thonon les Bains habituellement entre 2000 et 2500 m d'altitude
un sac de 17 kgs
environ 30 000 mètres de dénivelé positif, et autant à redescendre, ce qui représente au moins trois fois l'Everest (problèmes d'oxygène en moins quand même !)
1 crayon et 1 téléphone portable perdus
deux pieds pour marcher, deux yeux pour regarder
195 aquarelles réalisées face au motif
les jeux toujours renouvelés des nuages avec les sommets
des gentianes, des campanules, des épilobes, des trolles, des linaigrettes, des arnicas, des jubarbes, des lys, des raiponces, des marguerites, des myosotis...
des troupeaux de chamois, des mouflons, des masses de marmottes, des traces de loup, d'innombrables oiseaux, deux vipères,
peut-être quelques fées, sûrement des randonneuses
une infinité de choses belles tout au long du chemin

Il y a bien sûr toutes sortes de difficultés inhérentes à ce genre de voyage : le corporel est mis à l'épreuve par le port d'un sac trop lourd pour moi : malgré l'habitude et le côté spartiate qui me permet de n'emmener qu'un seul pantalon dans le sac, malgré l'attention portée aux grammes qui supprime la trousse de toilette pour la remplacer par un simple sac ultraléger, le poids des chargeurs (il ne serait ni prudent ni professionnel de partir sans mon téléphone portable), du matériel de peinture, des vivres quand on va se retrouver plusieurs jours en haute montagne, porte le poids du sac à 17 kgs : rien d'excessif pour un week-end, mais il faudra les porter 70 jours !
Les chaussures de randonnées retrouvent parfois leur nom de brodequins, supplice moyen-âgeux auquel on se soumet volontairement : avec un peu de soin et d'expérience, il n'est pas très difficile d'éviter les ampoules ; mais les pieds enfermés dans une chaussure rigide, les micro-traumatismes des orteils qui butent plus ou moins, répétées dans toutes les descentes, tout cela répété jour après jour, semaine après semaine, fait nécessairement souffrir. Le risque physique n'est pas absent de la randonnée ; il y a bien sûr les accidents d'alpinisme, mais le nombre de randonneurs blessés ou tués l'emporte : si le plus souvent le sentier balisé ne présente pas de danger, les passages délicats le sont réellement.
Le risque d'abandonner n'est pas le moindre : partir marcher en montagne, c'est sans doute d'abord un parfum de vacances (pour un petit nombre de Français tout de même : la mer représente 49% des destinations de vacances, la montagne trois fois moins, et entre les deux il y a la campagne et la ville), mais c'est aussi changer de lit tous les jours, accepter dans la répétition l'inconfort et la promiscuité des refuges, repartir malgré les courbatures et la fatigue, et la lassitude : marcher de Nice à Thonon les Bains à travers les Alpes, ce n'est pas facile tous les soirs et il faut remettre de l'énergie pour continuer à avancer.

Cependant, le plaisir, et je ne parle pas d'un plaisir masochiste, l'emporte nettement et on peut parler de la jouissance du marcheur de l'immaculée transcription :
Le plaisir physique est total pour le randonneur ; cette assertion ne serait bien sûr pas cosignée par mon adolescente de fille, mais il me semble que l'on peut trouver un plaisir certain, et puissant et profond, dans le sentiment de l'existence du corps que procure la marche ; marcher à l'aide de bâtons, c'est mettre en mouvement l'essentiel des muscles du corps : je parle d'abord du sentiment ressenti au départ du petit matin, dans la fraîcheur vivifiante de l'aube où l'harmonie avec le monde joue à plein ; parfois, à l'arrivée le soir, on peut avoir un autre ressenti.
On ressent une qualité d'énergie si particulière à la montagne ; il s'agit peut-être des ions négatifs, mais ce n'est pas important : ce qui compte, c'est ressentir la vibration du monde dans toutes les promesses de son devenir. Par la durée du séjour en continu, la présence de la nature montagnarde devient évidente : lorsque l'on reste plus d'un mois dans la nature, à marcher, à manger dehors, à vivre dehors du lever au coucher du soleil, à être attentif à son ressenti, l'imprégnation est puissante, et on finit par se fondre dans la nature, par être un avec elle.
Il y a ensuite la satisfaction des plaisirs les plus simples : boire à la fontaine délicieusement fraîche dans la chaleur de l'après-midi après quelques heures de marche est un plaisir simple et naturel d'une puissance inégalable, et l'amateur de Bourgogne que je suis se pose des questions sur cette double vie car aucune dégustation oenologique ne m'a jamais apporté la fulgurance de certaines tétées avides au goulot d'une gourde d'eau, lorsque la sueur vous perle dans les yeux.
La qualité du silence de la montagne est renforcée par certaines musiques : ce peut être le bruit du torrent, qui porte loin, ou celui des sonnailles du bétail : certains troupeaux sont plus harmonieux que d'autres et je me rappelle la montée vers le col de... où la montagne semblait animée par la liesse d'un matin de Pâques !
Le plaisir des yeux est là, omniprésent : les Alpes, c'est beau, tout le temps ! Depuis les tapis fleuris sous les pieds jusqu'aux nuées qui jouent avec les monts et les vallées, souffles aériens et principes de légéreté sublime en passant par la pureté minérale et ascétique du rocher à la netteté tranchante : il n'est que d'ouvrir les yeux pour être transporté.

Le peinture aide à approfondir le phénomène : peindre, c'est prendre conscience de la beauté, la faire venir à la conscience pour en extraire l'essentiel et fixer cet essentiel sur le papier par l'intermédiaire d'un geste médité où paradoxalement la conscience s'est abolie parce que le peintre s'est fait un avec l'objet qu'il peignait ; dans l'acte pictural, il y a disparition de l'ego au profit de l'existence du monde qui se trouve redoublé sur le papier miroir ; le peintre n'est plus à ce moment qu'une conscience réflexive dont la main agit de façon automatique et comme à son insu ; la seule chose qui compte est le sentiment d'identification à l'objet : je suis torrent, rocher ou nuage ; ce n'est que par cette alchimie où vide et plein se répondent que l'oeuvre réalisée pourra prétendre à quelque vie qui ne se situera bien sûr pas dans une quelconque reproduction documentaire du réel, mais dans la perception d'un souffle ténu, de la palpitation à peine perceptible d'une vie, et ce peut être celle de ce bloc de granit !

Ce qui appert de tout cela, ce qui justifie les efforts entrepris, les risques encourus et ce qui explique au delà de la simple apparence la qualité particulière des plaisirs rencontrés, c'est par dessus tout le caractère de pureté rencontré.
La montagne est un lieu d'élévation et de pureté ; saints, ermites, divinités vivent, apparaissent et se réalisent dans les lieux élevés ; la montagne est le paradigme de l'élévation spirituelle ; de l'Olympe au Golgotha en passant par le Kailash, la montagne n'est pas le domaine des hommes ; aller en montagne, c'est aller vers le divin, même si parfois celui-ci peut prendre des formes terribles. La montagne est un domaine d'excellence et de pureté qui s'applique à tous les éléments : quelle eau est plus pure que celle des torrents ?
Quel air est plus pur que celui que l'on respire en montagne ? est-il concevable d'imaginer un rocher souillant comme fange ? Même le feu du soleil y est plus fort et plus purificateur. Tant de pureté met nécessairement l'homme qui s'est aventuré dans ce domaine en position parfois dangereuse de communication avec le divin : la marche en montagne possède sans doute une part rédemptrice, mais elle permet surtout d'atteindre à une union sublimée avec la pure Nature, avec l'essence même de la Nature, en fin de compte, à toucher la part de divin qui est en soi.

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Les peintures présentées sont à vendre.

Patrick JAGER - Hameau de l'Église - 38120 PROVEYSIEUX
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