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LES MONTAGNES SACREES DE LA CHINE
Depuis 10 ans, Patrick Jager a effectué 5 longs voyages en Chine, surtout dans les montagnes, en Himalaya, dans les montagnes sacrées bouddhistes et surtout il a séjourné dans les montagnes sacrées taoïstes.
Le Mont Tai
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Au pied de la montagne | En vue de la porte du ciel | Le mont Tai | Maître taoïste |
Historiquement et culturellement, la plus importante de ces montagnes est le Mont Tài, mont de l’est, dans la province du Shandong : c’est là que le premier empereur Qin Shi Huang est venu proclamer l’unité de la Chine en 219 avant JC et se poser comme le fils du Ciel, puisque les montagnes sont le lien entre terre et ciel, ou pour reprendre l’expression chinoise, des portes du Ciel. D’immenses escaliers permettent de franchir aujourd’hui, à la mer des touristes les très raides 1400 mètres de dénivelé qui conduisent au Pic de l’Empereur de Jade. Inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité, ce lieu est une destination phare pour les touristes chinois et le peintre doit réussir à faire abstraction des trop nombreux curieux pour capter l’énergie de cette quintessence de la sinité.
Le Mont Hua
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Le Pic de l'Ouest | Hua shan | Petit matin | La force du mont |
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Depuis le refuge | Les fumées d'encens | Sérénité |
A l’ouest se trouve le mont Huà : son atmosphère est toute différente. La gorge d’un torrent est le chemin que l’on suit pour aller vers le sommet. En cette fin d’été, le visiteur était plutôt rare, et le bruit du torrent mêlé aux chants d’oiseaux accompagnait la marche. La nuit passée dans un refuge sommaire, à l’endroit même où une princesse Ming était venue se faire ermite, devenant la « femme poilue » (Il faut sans doute comprendre qu’elle était vêtue de peaux de bêtes…)est un souvenir fort. Lorsque tout s’apaise dans la fin de l’après-midi, il est doux de peindre et repeindre le pic là juste en face pour en saisir une qualité d’évanescence dans la lumière qui baisse. Au matin, il sera surgissement hors des brumes.
LE MONT WUDANG
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Un mur pour le qi | La cité interdite du sommet |
Si le Wudang n’appartient pas à la série officielle des cinq montagnes sacrées, il n’en demeure pas moins le plus connu et le plus important des monts taoïstes, associé à la pratique des arts martiaux, qi gong, tai chi et autre wushu. A son sommet, une cité interdite en miniature, bâtie sur ordre de l’Empereur pour qu’il puisse y séjourner en toute tranquillité, abrite toujours une population de moines qui entretiennent l’esprit du Wudang. Une végétation plutôt luxuriante couvre les flancs de la montagne. Partis un matin sous les nuages, nous sommes bientôt rattrapés par une pluie battante qui transperce les frondaisons. Nous passons la Porte du Ciel, porte réelle sur le chemin qui marque notre avancée. Les escaliers sont rendus glissants par la pluie, et vus leur longueur, leur dénivelé et l’étroitesse des marches, les quelques rares personnes rencontrées nous déconseillent formellement de faire demi-tour. C’est donc la montée jusqu’en haut, jusqu’au téléphérique, dans de vraies difficultés physiques qui ont donné à cette marche le goût le plus fort, le plus mémorable ; la rencontre avec le moine calligraphe à l’arrivée, dans un scriptorium hors du temps, au sommet de l’espace est une récompense qu’aucune facilité ne nous aurait procurée. C’est vivre un instant de l’éternel de la Chine.
LE MONT A HAUTEUR DE NUAGE (QI YUN SHAN)
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Jolie fille | Les cinq doigts | Maître taoïste |
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Le village | Jour de pluie | Porte en calebasse |
La dernière île, ainsi pourrait-on appeler ce village dans la montagne qui n’était pas à portée de voiture (une route est en construction, je dirais malheureusement). Et cette île, cachée sous les nuages, reliée à la plaine par un sentier (et le téléphérique) est une île taoïste, presque l’île des bienheureux, en tout cas un endroit merveilleux pour peindre. Des maisons à l’architecture ancienne et homogène, des maîtres en exercice, des paysans pèlerins, et des temples, des gravures monumentales dans le roc, des espaces sacrés, les fumées de l’encens, la musique des cérémonies, la profondeur du silence aussi et la vraie vie. C’est sans doute le dernier village de Chine de cette qualité a avoir gardé une telle authenticité. Bernard Besret, l’ancien prieur de l’abbaye de Boquen, ne s’y est pas trompé, lui qui y a posé son bagage. En tout cas, un bon endroit pour peindre : du papier xuan mais avec des couleurs occidentales qui sont plus pures que les chinoises (beaucoup de peintres chinois les ont d’ailleurs adoptées), des pinceaux d’ici et là-bas, et toujours la pratique sur le motif, la seule façon de vibrer au souffle du monde. Marcher, être là, se remplir de l’énergie du monde avec tout le temps qu’il faut, puis assis ou à genou, d’un geste libre, laisser l’énergie faire sa trace sur la feuille ; il ne s’agit pas de recopier quoi que ce soit, il s’agit de transcrire le souffle pour que le spectateur de la peinture puisse ressentir une part de l’émotion qui a saisi le peintre lors de sa pratique. Quelques coups de pinceau rapides, aller à l’essentiel sans repentir, lâcher prise et oublier toute la technique apprise (mais il faut l’avoir apprise pour pouvoir l’oublier), ne faire plus qu’un avec sa peinture, devenir la montagne ou l’arbre le temps d’une pratique.
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Tashuan | Huizu |
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JIUHUASHAN
La montagne des 9 merveilles
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HUANGSHAN
La montagne jaune
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C’est rapide et simple : « S’abandonnant au gré de la main, d’un seul geste, on saisira l’apparence formelle aussi bien que l’élan intérieur des monts et des fleuves, des personnages et des objets inanimés, des oiseaux et des bêtes, des herbes et des arbres,…on les peindra d’après nature… » (Shitao, « Propos sur la peinture, chap.1)